Pour que les cordes ne s'emmêlent plus.

Lors d’une visite à Ouessant, il y a 10-15 ans, j’avais rencontré une dame qui avait deux moutons attachés ensemble à un même piquet. Leurs longes ne s’emmêlaient pas, ni ne se vrillaient, grâce à une petite planche percée de trois trous  alignés sur son axe longitudinal, celle-ci jouant le rôle d’un émerillon.
La corde venant du piquet passait par le trou du milieu pour se terminer par un nœud d’arrêt.
Par chacun des deux trous restants, une corde, elle aussi avec un nœud d’arrêt, partait vers le collier d’un animal. La vieille dame m’avait dit que cette planchette avait pour nom "traouel", selon ma phonétique personnelle. C'est du moins ce que j'ai en souvenir et cru entendre.
Est-ce que certaines ou certains d'entre vous ont des renseignements sur cet objet ?

J'en parle sur mon blog, avec des photos :
http://ecodouble.farmserv.org/index.php?post/2015/06/17/Un-objet-curieux-de-la-technodiversit%C3%A9

Ca semble très ingénieux.

Et ça marche ?

Cela marche plus que bien si l'on s'attache à respecter les conseils, fruit de mon expérience avec 2 brebis, que je précise sur mon blog :

- un piquet en "u" renversé arasant le sol ;
- un mousqueton ou anneau reliant le piquet et la corde ;
- éviter la présence d'arbre, ou poteau, ou bloc, dans le disque balayé par les longes ; tout comme avec une corde "classique" en fait.

Ingénieux, oui,
Ai-je bien compris ? il faut qu'un des deux animaux attachés tire à un moment sur sa corde afin de faire faire à ce traouel le déplacement nécessaire à une remise en position.
"je passe par dessus ta corde et je tends la mienne, de corde, alors hop, le traouel me suit et se retourne".

Merci à toi, écodouble, de poursuivre cette transmission de savoir, si tu en as d'autres, n'hésite surtout pas.

Chère vénérable Margueritte de 104 printemps, cela se passe exactement comme vous l'expliquez !
Et mon inscription sur ce forum visait à faire en sorte que ce savoir ne se perde pas.
Dans l'article sur mon blog, je parle de deux paysannes qui font du fromage et pour qui j'ai fait un "traouel" à chacune il y a tout juste 15 jours. Elles ont pour mission de transmettre le truc à des collègues qui en auraient assez de désemmêler les cordes de leurs boucs ou béliers. J'espère que cela se répandra.

Comme je ne suis pas fortiche avec les ordinateurs, je ne parviens pas à mettre de photo ici. Pour celles et ceux qui veulent voir, c'est sur le blog que j'ai nommé en tête de cette conversation.

Je note que jusqu'à présent personne ne semble connaître le "traouel".
Je suis certain que ce n'est pas possible vu le nombre d'inscrit(e)s ici ; dont sans doute des gens d'Ouessant ; commune dont je connais un des conseillers municipaux (faudra d'ailleurs que je lui en parle, à notre prochaine rencontre).
Que celles et ceux qui savent nous racontent.

"Chère vénérable Margueritte de 104 printemps"

I y a quelques années, il fallait juste diviser par deux et ça revenait aux justes printemps, aujourd'hui, quelques fleurs se sont fanées ...

Ai-je l'autorisation de transmettre ici une ou plusieurs photos de l'objet, copiées sur votre blog ?

Quand j'étais enfant, notre famille vivait à Quimper et nous nous promenions beaucoup dans le département.
je me souviens mal, les moutons ou les chèvres portaient souvent, pendu au collier, un bout de bois qui devaient les empêcher de faire quelque chose... était ce de traverser les haies, était ce de courir, était ce de saillir ?
auriez vous une réponse ?

Pour avoir 104 printemps, dès sa première année, il suffit juste de passer 104 fois du Nord au Sud de l'équateur après un équinoxe.

Vous pouvez bien entendu utiliser les photos des "traouel" postées sur écodouble : Je pense que vous en ferez bon usage. La technique ne doit pas se perdre. Elle fait partie de ce que j'appelle la "technodiversité" (Cf. écodouble).

Pour ce qui est des méchants pendentifs que se coltinnaient les montons il y a quelques temps encore, sans pouvoir l'affirmer, il est très probable que se soit pour les empêcher de franchir des haies. Mais la forme du bout de bois joue. Ainsi une pièce horizontale, plus large que l'animal, peut jouer ce rôle, encore faut-il que les haies soient vives, c'est-à-dire denses. Mais une sorte de planche en tablier largement pendante, et même trainante, peut empêcher le franchissement de petits murets en pierres sêches, qui souffrent beaucoup du fait de ce type de franchissement (surtout s'ils ne sont pas surmontés d'un puissant couronnement massif, comme ceux des murs de l'Aveyron ou du Lot par exemple). Dès lors, les murets de clôtures peuvent rester assez bas et mal couronnés, tout en étant efficaces, si les animaux à contenir sont pourvus d'un tel collier.

Pour empêcher les saillies, il y a le tablier ... pour les mâles. J'en ai vu dans les Pyrénnées.

Merci pour l'autorisation, voici donc les deux photos :

...

J'utilise ce système à l'occasion depuis une petite trentaine d'année. L'appareillage complet est formé de la "strapenn" (piquet), de la "sug" (prononcer zug) (longe), de la "troell" (pas traouel) (tournette ou tourniquet) et des deux "gouliamm" (sous-liens). Le système est en usage sur les îles bretonnes en dehors de la période de vaine pâture. Pour que ça marche bien il faut que les trous dans la "troell" soient légèrement plus larges que le diamètre des liens.
Le bout de bois sous le cou et heurtant les pattes antérieures empêche les fugueurs de se carapater.

Bravo ! ça, c'est de la transmission de savoir.

 Quelle chance de vivre cela sur notre forum, un grand merci à vous deux !

Trois brebis attachées ?

Et même quatre, on dirait.

Deux par deux, non ?

Deux par deux, deux fois. Il y a deux "troell".

Ouais ! Il y a deux "troell" bien visibles.

Merci à vous skrabsegal, pour nous avoir fait votre exposé sur cet ingénieux système qu'est le troel.
J'espère que vous me permettrait de vous citer sur mon blog, pour que le dossier de ce curieux objet y soit complet. A moins que vous ne vouliez préciser vous même par un commentaire.

Et dernière question : Avez-vous connaissance d'une utilisation du troell hors des îles bretonnes ?

Sur l'île d'Ouessant les moutons sont traditionnellement en vaine pâture depuis la fin des récoltes jusque fin février. Pendant la période de culture les animaux sont à l'attache seuls ou deux par deux. C'était vrai hier et c'est toujours vrai aujourd'hui. Je n'ai pas entendu dire que le système était utilisé sur le continent mais puisqu'il est utilisé sur deux îles distantes de 200km (à la louche) il n'y a pas de raison de croire qu'il n'était pas connu entre les deux au moins ponctuellement. Tu peux utiliser ces renseignements dont je ne suis pas propriétaire pour ton blog ainsi que mon petit crobard.

Merci encore skrabsegal.
Je crois que vous venez de faire rentrer le mot "troell" sur le Net.
Cet objet est un bien beau composant de la technodiversité qu'il faut référencer et conserver.

écodouble a écrit:

Je crois que vous venez de faire rentrer le mot "troell" sur le Net.

Eh non, il y a au moins un précédent : http://www.letelegramme.fr/ar/viewarticle1024.php?aaaammjj=20010515&article=2720980&type=ar

Plus qu'à aller voir à Morlaix...

Bon d'accord JuLoup!
Mais avouez que le troell n'était en rien décrit ! ;-)
Là est le mérite de skrabsegal ... et la richesse, ainsi que l'utilité, de ce forum.

Ah tout à fait, on est bien d'accord que ce fil a eu le mérite de décrire précisément en quoi consistait ce dispositif.

Et comme je n'en fini pas de m'interroger, cher skrabsegal, le modèle à deux trous visible sur une des deux photos postées par Marguerite, modèle qui est un simple émerillon, est-ce que ça s'appelle aussi une troell ?

Oui puisque le mot "troell" est construit sur la racine "tro-" du verbe "treiñ" qui veut dire tourner. Le mot est féminin en breton et donc subit la mutation adoucissante t/d au singulier > an droell, pluriel an troelloù.

J'ai mis mes deux agnelles au piquet pour qu'elles broutent ma pelouse sans danger pour le potager.
J'ai dû courir démêler les liens toutes les cinq minutes.

J'ai suivi le plan de Skrabsegal pour bricoler mon troell maison.
Pour que le système soit pleinement efficace, j'y ai apporté une petite modification: j'ai attaché le sug à un anneau fixé par le strapenn enfoncé jusqu'au ras de terre. Ainsi les coquines ne parviennent plus ni à enrouler le sug autour du strapenn, ni à coincer le troell d'un côté du strapenn pour aller faire du noeud de gouliamm de l'autre. Vous me suivez ?

En tout cas, c'est amusant de voir le troell se retourner au gré des déplacements des moutons et drôlement confortable pour eux de brouter ensemble.

Merci à ceux qui sortent de l'oubli ces pratiques ingénieuses de nos anciens !